samedi 2 juin 2012

Les mines de Potosi


 Attention, certaines photos sont un peu...non, vous verrez !!

Donc, je disais, jetés dans le bus....Arrivée à plus de 4000m à Posoti, « Potojsi » qui en quechua signifie « tonnerre ». Direction le centre-ville (en bus collectif, donc 40 min au lieu de 10 min en taxi).  

L’objectif de cette étape est de visiter les très célèbres mines d’argent du Cerro Rico encore en activité.

On a trouvé un nouveau boulot !
Mais faisons place à l’histoire : en 1544, un Inca fit un feu qui aurait révélé les précieux minerais (la terre a fondu blablabla je passe les légendes à deux balles).  Ni une ni deux,  les colons espagnols s’approprièrent le site et l’exploitation à grande échelle commença : des milliers d’esclaves Indiens puis Africains furent amenés à creuser. Pour augmenter la productivité le roi instaure la loi de Mita qui les oblige à demeurer sous terre durant 4 mois, mangeant et dormant dans les mines. Comme on peut l’imaginer, ça ferait environs 8 millions d’esclaves qui périrent en 3 siècles dans des conditions atroces.  Puis l’épuisement de la mine et les guerres d’indépendances ont tout stoppé.

Le cerro Rico comptant plus de 180 mines
 Au jour d’aujourd’hui : ben, les conditions de travail ne sont pas vraiment différentes.  Le travail est effectué avec des outils de base tels que la pioche, la dynamite et les chariots. Les équipes ont droit à 1h de marteau piqueur par jour (chaque seconde compte) et les températures varient de -10 à 45° selon les niveaux… sans parler du fait que les mineurs respirent pendant des tours de 48h des produits chimiques, des gaz nocifs et meurent de silicose après 10 à 15 ans de travail dans la mine.  Des enfants de 8 ans aux « vieillards » de 45 ans,  tout le monde se tuent à petit feu, chaque jour.

L’exploitation de la mine n’est pas réalisée par des entreprises privées mais par des coopératives de mineurs. Ils sont regroupés à environ une vingtaine dans chaque coopérative. Il y a un chef qui a payé le gouvernement pour acheter le droit d’exploiter une partie de la montagne. Les mineurs qui bossent pour lui doivent lui reverser un pourcentage de ce qu’ils gagnent puis vendre le reste.

C’est en connaissance de cause et après avoir signé une décharge en cas d’accident (ce qui nous mets sérieusement le doute sur la "safety" du truc) que nous nous engageons pour le tour.

Nous apprenons le matin que 4 fois par an, les mineurs  se prennent un jour de libre et consacrent la journée à sacrifier des lamas afin d’obtenir la bienveillance et la protection de la Pachamama (Terre Mère) et à se bourrer la gueule, globalement, pour faire court. C’est pour notre poire… on est un peu déçu car du coup c’est une mine vide qu’on va visiter, mais on est également conscients qu’on va assister à quelque chose d’assez spécial. Nos guides sont des anciens mineurs reconvertis. 

Notre programme de la journée :
  •         Petit dej de compet’ à 7h30
  •         7h35 on apprend que ya pas de mineur dans la mine ce jour là
  •        8h départ pour le marché des  mineurs, on prend notre premier petit verre d’alcool : le CEIBO, alcool à bruler mais potable à 96°. On leur achète des feuilles de coca, de la dynamite, de l’alcool à profusion… 

 
  •   8h15 on va se mettre en tenue de protection (très sexy)
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  •        9h visite de la fonderie pour comprendre le processus d’extraction de l’argent de la pierre

Le traitement des minerais

  •      10h arrivée à ma mine, juste-à-temps pour assister au sacrifice du premier lama.
Nous sommes à l’une des entrées de la mine, 10 mineurs sont attroupés autour du lama pour le maintenir à terre pendant qu’ils l’égorgent et le vident de leur sang. Ils remplissent des plats du sang et arrosent les entrées des mines, puis se font des marques sur le visage.

        L'entrée de la mine                               Rudolph, ne regarde pas !
   
   On y passe aussi… (au marquage, pas à l'égorgement)

 

"El Tio"
  •   10h30 : on donne les cadeaux aux mineurs et là, ils sortent les bouteilles d’alcool à 96° mélangé à du fanta. Notre guide nous demande de ne pas refuser les verres proposés, ce serait une offense pour les mineurs car ils nous invitent à participer au rite le plus important, "c’est un privilège" comme il dit. A chaque petit verre, il faut verser la moitié sur le corps des lamas en remerciant Pachamama et boire le reste cul-sec  (ou 3/4 pour la pachamama au bout du 5ème)
      Ah oui, les mineurs vénèrent également le diable « el tio » car la température et les conditions de travail rappellent l’image que l’on a de l’enfer.  Tous les vendredi, les mineurs font des offrandes à la statue afin de ne pas être dévorés par la montagne la semaine suivante.           


  •  11h on rentre dans la mine, qui est vide. Plus on avance, plus l’espace est réduit et plus la température grimpe. Au bout de 5 minutes il faut utiliser le bandana car l’air n’est plus vraiment respirable (présence de poussière, d’ammoniaque et j’en passe des meilleures). 


Arrivé à ce point, Xavier ressort pour éviter le malaise n’ayant pas supporté le manque d’air, l’augmentation soudaine de la température et le confinement.. Grosse déception car cette visite lui tenait très à cœur..

 Avec le reste du groupe, on descend de 2 niveaux puis il faut ramper pour traverser les galeries… Au troisième niveau c’est très dur de respirer, et on rampe ou on marche très courbés. 

On peut « à peine » ressentir ce que vivent les mineurs au quotidien. Certains font des tours de 48 heures durant lesquels il est impossible de manger (températures extrêmes du niveau -3 au niveau -8) et transportent des kilos de minerais, frappent la pierre avec la pioche, poussent des chariots extrêmement lourds… Pour se couper la faim, ils marchent des feuilles de coca toute la journée.

En remontant, on voit que les organes des lamas sont exposés (cette photo la on est sympa on va pas la mettre) et qu’on va continuer à bénir la Pachamama. On continue à boire un peu et  à échanger avec certains mineurs et quand ils parlent de leurs conditions de vie et des amis qu’ils ont perdus, leur regard est indescriptible. 


 Dans le genre histoire qui te fait halluciner, quand notre guide a commencé à 15 ans, son chef avait 10 ans et avait lui-même commencé à 8 ans, il est mort d’une silicose il y a quelques années.  La plupart du temps, le minerai vendu leur sert tout juste à nourrir leur famille. Difficile à croire qu’on est en 2012, Germinal à côté ressemble au club med. Mais c’est un jour de fête pour eux, alors il faut trinquer !

Nous sommes de retour à l’hôtel vers 15h un peu arrachés et vraiment bouleversés.
On retrouve Anne Laure et Victor, deux français avec qui nous avions prévus de faire le tour d’Uyuni puis nous sortons visiter Potosi et ses dizaines d’églises pour se changer les idées.



 Le lendemain, on prend le bus qui nous amène à Tupiza, ville du départ d’un tour de 4 jours en 4x4 !

PS :  pour plus d’information sur les mines de Potosi, nous vous renvoyons vers le fabuleux documentaire « the devil’s miner ».

9 commentaires:

  1. Hé bien!!!!! Le récit était très prenant, quelle vie de m.... ils ont ces pauvres gens, je pense qu'après avoir lu et vu ce récit on a plus le droit de se plaindre!!!! Encore bravo pour tout ce que vous nous faites découvrir.
    Bizzzzzzzzzz

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    1. De rien tata ! On se donne à fond pour vous !!
      Parce que vous les valez bien !

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  2. Beau récit l'histoire est un peu triste ! on a l'impression que pour quelques heures vous avez remonté le temps ! Bravo Marion pour avoir fait la visite jusqu'au bout, tu es "le" héros du jour !
    Le déguisement de mineur vous va toutefois très bien.
    Bisouxxx
    c.L

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  3. Pour mon premier commentaire, un épisode pas bien gai! le début avec les lacs, cependant, magnifique ! Et bravo à Marion pour être allée dans la mine (moi la claustro, je suis admirative!!!) Bises à vous deux
    Tata J.

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  4. Ca a dû être une expérience marquante!

    Un réalisateur de la boîte où j'ai réalisé mon stage avait fait un film dessus: "La mine du diable"
    Le film m'avait marqué. La vie est très difficile dans ces mines...

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    1. Quelle coïncidence !! Effectivement le film doit être trash... puisqu'il reflète la réalité de ces pauvres gens.
      Bisous !

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  5. Coucou les aventuriers!

    merci de nous faire partager tout ça!
    je découvre votre blog, et ouah, c de la bombe!
    je vous embrasse, take care et kiffé a donnnnnffff :)))

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  6. ah merde, c moi, Fati, ma ptite Marion, c'était moi l'anonyme du 15 juin à 12h40! mdr
    bisous

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  7. je reprend seulement la lecture de votre blog! et je dois dire que je suis moi aussi épatée de voir que ma petite Marion a continué sans sa moitié !!!
    c'est encore un épisode très intéressant, et je suis contente de pouvoir enfin avoir un moment pour vous lire, même si à l'heure qu'il est vous êtes de retour
    bisous

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